Patrick Watson affirme avoir été victime de censure lors du spectacle pour la Fête du Canada

Patrick Watson a publié un long message sur sa page Facebook, jeudi, pour critiquer le fait qu'il ait été censuré, lors du spectacle de la Fête du Canada à Montréal, qui a été diffusé sur plusieurs plateformes numériques, le 1er juillet. Le musicien a déploré qu'un texte qu'il a lu sur sa présence en territoire autochtone non cédé et sur les luttes des Premières Nations n’ait pas été conservé au montage final par le producteur Tandem Communication.

Voici le message qu'il a publié, jeudi, sur la page Facebook. Notez que le texte a été publié en anglais et qu'on vous propose une version traduite avec le plus de précision possible:

« Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien. J'ai quelque chose d'important à partager avec mes compatriotes.

Lors de mon spectacle pour la fête du Canada, j'ai remis une reconnaissance de la terre : J'ai reconnu le territoire traditionnel du peuple indigène sur lequel l'événement avait lieu. J'ai été profondément bouleversé d'apprendre que Patrimoine Canada avait modifié cette reconnaissance dans mon spectacle. La reconnaissance des terres est une étape fondamentale dans le processus de réconciliation. Pour moi, cette reconnaissance était si importante car je voulais célébrer ma position, souligner le lien entre les luttes des autochtones et le mouvement Black Lives Matter, et inclure tous les habitants du Canada et leurs sensibilités.

Il y a trois ans, j'ai été invité à bord du navire Canada C3. Il s'agissait d'une initiative visant à explorer les côtes du Canada et à inviter des Canadiens de différentes origines à se présenter aux communautés des Premières nations. Avec l'idée de travailler sur la réconciliation, j'étais l'un des passagers.

Lorsque nous sommes arrivés dans les communautés, cela nous a ouvert les yeux de voir à quel point elles hésitaient à nous laisser entrer pour nous rendre visite. En échange, nous nous sommes engagés à partager nos expériences avec le reste du Canada à notre retour. J'ai été confronté à des personnes incroyablement inspirantes issues des communautés et il n'a pas fallu longtemps pour comprendre les origines de leur colère envers le Canada.

Cela m'a ouvert les yeux de constater le manque d'éducation que nous recevons sur l'histoire et la situation actuelle entre notre gouvernement et les Premières nations. Laissez-moi vous dire que c'était tellement embarrassant pour un Canadien de l'entendre, mais c'était aussi un énorme privilège de l'entendre de la source. Après les discussions, ils ont partagé certains des plus beaux endroits que j'ai jamais vus sur cette planète avec une générosité et une grâce remarquables. Et j'ai été profondément touché.

Au cours des derniers mois, après avoir entendu le Canada nier le racisme systémique, même si le dernier pensionnat a fermé en 1996 et qu'il y a entre 3000 et 4000 femmes indigènes disparues et assassinées dont la mort n'a pas fait l'objet d'une enquête adéquate, je me suis senti particulièrement poussé à faire une reconnaissance de la terre le jour de la fête du Canada. Aimer quelqu'un, c'est parfois devoir lui dire quelque chose qu'il ne veut pas entendre. Et je peux comprendre que ce ne soit peut-être pas le bon moment selon certaines opinions.

Puisque nos vies ont tellement changé au cours de la dernière année, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour reconstruire quelque chose de mieux? J'ai eu beaucoup de chance et j'ai été heureux de grandir ici et il y a beaucoup de belles choses à propos de notre pays, mais ce que j'ai entendu dans ces communautés n'est pas une représentation des valeurs dont nous nous vantons au Canada. Si le Canada est si grand, pourquoi avons-nous si peur de le rendre meilleur ?

Les mots censurés :

"Nous voudrions reconnaître que nous jouons à cet événement depuis les terres non cédées de la nation Kanien'kehá:ka. Tiohtià:ke / Montréal est connu comme le lieu de rassemblement de nombreuses Premières Nations, nous espérons honorer cette tradition.

Nous invitons tous ceux qui participent à cet événement à s'informer et à s'impliquer dans les luttes et la résistance anticoloniales et indigènes là où vous vivez. Nous aimerions également reconnaître la solidarité qui existe entre la résistance indigène et les luttes de libération des Noirs".

Avec beaucoup d'amour,

Patrick

Photo prise avec la Nation Gitga'at de Hartley Bay »