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La soeur de Pier-Luc Funk a publié un statut après avoir été bénévole dans un CHSLD et c'est épouvantable
Bonsoir Bonsoir 

La soeur de Pier-Luc Funk a publié un statut après avoir été bénévole dans un CHSLD et c'est épouvantable

C'est terrible!

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Pier-Luc Funk était de passage à Bonsoir Bonsoir, jeudi soir, et il a raconté l'expérience de sa soeur Marie-Michelle qui a décidé d'aller donner de son temps comme bénévole dans un CHSLD. La jeune femme n'est pas du tout infirmière, mais comme sa mère est infirmière et qu'elle est au front, sa fille qui travaille habituellement dans un CPE a décidé d'aller un coup de main. 

Elle a raconté son expérience dans un statut Facebook qui est devenu virual.

Voici un segment de l'entrevue que le Pier-Luc Funk a accordée à Jean-Philippe Wauthier:


Voici le statut que Marie-Michelle Funk a publié sur Facebook et qui est devenu complètement viral:

Je suis allée en CHSLD, je suis allée donner un coup de main pendant les seuls jours que je pouvais, ceux où mon chum est en congé pour s'occuper de mon bébé. J'ai mis ma jaquette, mon masque, ma visière, mes gants, mon sticker de bénévole. Non je suis pas infirmière, mais j'ai des bras, des jambes et je suis débrouillarde. Je suis là, alors qu'il y a personne. Ma mère y travaille en renfort officiel, elle m'emmène avec elle parce qu'elle voit ben que c'est pas croyable.

Tout est tout croche, y'a pas assez de gestionnaires, tu arrives pour ton "shift" et tu cherches 30-45 min juste à essayer de savoir à quel département tu es affecté. Tu appelles tous les postes que tu entends qu'il y a quelqu'un qui répond des fois, 17? 19? 26? 20? Y'a tu quelqu'un qui sait ce qui se passe? Quelqu'un qui est en charge ici? Ils font de leur mieux, il y a juste trop de feux à éteindre.

On finit par s'affairer, on a 40 patients pour une infirmière auxiliaire, une préposée pis moi, l'éducatrice qui peut pas faire grand chose, qui sait pas faire grand chose. J'observe, j'aide, j'écoute, je discute. J'prends des initiatives, j'essaie d'aider. Woups pu de jaquette, ok j'y vais. Je courraille, je me perds. Je me coince derrière une porte à code, j'ai pas le code.

Woups Mme Unetelle voudrait ses pilules pour l'anxiété, personne sait où y sont. Ok j'y vais, courraille, va voir Josée, elle a aucune idée. Ok, cherche, couraille, trouve pas. Je m'excuse Madame Unetelle, j'ai vraiment essayé.

Pourquoi on a les medicaments de Monsieur Chose? Oh son infirmière doit les chercher partout. Ok j'y vais, cherche, couraille, cherche couraille. "madaaaammmme.......madammeeeeee???" Je peux pas ignorer cette dame qui a entendu mes pas. "J'ai soif madame, tellement soif". Ok. Je suis là. C'est une chambre covid, je vérifie dans son dossier si elle a droit de boire de l'eau, je me protège, j'y donne de l'eau. Je sors, déshabille, change de masque, change de gants, lave les mains. Qu'est-ce que je faisais dont?

"Si jamais tu as le temps on a une dame au 673 qui a besoin d'être nourrie." Oh, ok. Je suis pas dans mon département mais ok, je veux pas qu'elle ait faim. Je suis là, on va prendre le temps.

Je dis bonjour à tout le monde, pas juste avec mon sourire parce qu'on voit pas ma bouche. J'ai chaud, j'ai mal aux pieds, mal à tête. J'ai juste dormi 4 heures la nuit passée...

Faudrait peut être qu'on soupe? Oh Monsieur Chosebine va vraiment pas bien, faudrait vraiment le dire à quelqu'un. 17? 19? 45? 26? C'est qui la coordo? Y'en a pas... On appelle tu celle d'hier sur son cell? On sait pu qui appeler. Jean-Pierre, un gars de l'entretien, fait le messager pour l'infirmière des soins, il va aller lui dire. Enfin quelqu'un qui répond. On va se souvenir de son poste.

"Madame? Viens ici?" Elle fixe son télephone, me demande de le réparer.... Ok je vais regarder ça, check les fils, woups le câble est débranché, c'était juste ça, le tannant de fil gris. "Oh madame vous êtes un amour, c'est quoi votre petit nom? Marie Lissa? Oh merci merci Marie-Lissa" Ok, je vais être Marie-Lissa pour quelques minutes.

Ça sent l'urine, le désinfectant, les gens me crient après dès qu'ils entendent mes pas, ils en entendent pas souvent. Ils écoutent tous les nouvelles toute la journée, le son à 72 parce que leurs oreilles leur font défaut. J'entends à la télé "La situation dans les CHSLD est sous contrôle" C'est vrai?

Le téléphone de notre station sonne, je réponds. Une fille de patiente en pleurs, elle veut des nouvelles de sa maman. Pourquoi elle me parle à moi, je sais pas. Sûrement que je suis la seule qui a répondu. Je prends son message en note, je cherche l'infirmière de sa maman.

Les préposés sont dépassées, trop peu nombreuses. Les procédures d'hygiène prennent le bord, leur voix s'éteint. Elle a travaillé 4x 16hrs par jour dans la dernière semaine. Elle est brûlée. Quand je vais lui dire que Monsieur dans la 913 voudrait aller à la toilette, elle me roule les yeux.

Des fois, la seule personne sur l'étage c'est une Chiro. Elle a jamais changé de culotte de sa vie, elle rentre dans sa première chambre, Monsieur a enlevé sa culotte (sûrement tellement inconfortable depuis des heures) et il y a des excréments partout. Elle y va, fait de son mieux, nettoie le monsieur, nettoie le plancher à la débabrouillette, aucune idée elle est où la moppe. Monsieur est propre, Ok, prochaine chambre a besoin d'insuline, qu'est-ce que je fais avec ça?

J'en suis traumatisée, je peux pas croire que ça arrive ici au Québec. J'ai le cul en dessous du bras, j'ai fait 8 heures samedi, 4 heures dimanche. Je ne peux même pas m'imaginer ceux qui vivent comme ça depuis des semaines. J'ai envie de pleurer, j'ai envie de crier.

Elle est où l'armée dont? Ils sont où les médecins qui s'en venaient? Je sais pas, pas ici entk.

C'est terrible...c'est terrible..... C'est terrible....

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EDIT 1 : Je suis mal à l'aise avec vos merci et vos bravo... J'ai bénévolé 12 heures, j'ai fait de mon mieux mais j'ai pas sauvé le monde... Les professionnels qui font des shifts, des doubles, qui aident pour vrai, qui donnent des médicaments, qui changent des culottes, qui rentrent travailler, qui répondent aux questions, ce sont elles les héroïnes. Elles ont pas le temps d'écrire sur facebook, pas le temps de faire des entrevues aux nouvelles, je sais même pas si elles ont le temps de faire leur épicerie et leur lavage. Si vous en connaissez, des travailleurs de la santé, envoyez leur vos merci et vos bravo, c'est elles (et eux) qui les méritent

EDIT 2 : À tous les gens qui me disent que c'est pas le covid-19 qui crée ça, que c'est comme ça depuis des années, peut être que mes exemples ne sont pas assez éloquents, je m'excuse ce n'est pas mon domaine.

Des registres de médicaments pas signés, des médicaments pas donnés parce qu'il y avait personne la veille de soir... Des préposés qui se cachent dans les toilettes ou dans des bureaux pcq ils sont pu capables, d'autres qui prennent leur douche sur leur quart de travail, qui partent au milieu de leur shift sans le dire à personne.. Tous les patients souillés....confinés à leur chambre, certains ne sont pas sortis du lit depuis plusieurs jours. Des patients qui n'ont pas parlé à leur enfant depuis 5-6 semaines, qui n'ont eu que des toilettes à la débarbouillette depuis le début de la pandémie.. Des patients qui n'ont toujours pas mangé rendu à 19h, c'est froid, devant eux mais ils ont besoin de quelqu'un pour les alimenter. Des patients tout nus au complet, personne a le temps de les rhabiller... Peut être que ceux là seront mieux

EDIT 3 : L'armée (7) et des gens du CSSS sont arrivés lundi. Pour l'instant il y a plus de monde, pas vraiment plus de gestion et de leader, mais on me dit qu'ils observent avant de prendre le contrôle. Ça s'en vient.

Je suis allée en CHSLD, je suis allée donner un coup de main pendant les seuls jours que je pouvais, ceux où mon chum...

Posted by Marie-Michelle Funk on Sunday, April 19, 2020


Source: Bonsoir Bonsoir