Des nouvelles positives mais tout de même tristes de Jacques Demers

Chantal Machabée était de passage sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche soir, pour faire la promotion de sa biographie Désavantage numérique, qui est sortie il y a quelques jours. Comme toujours lorsqu'elle est en entrevue, la journaliste sportive a été extrêmement intéressante et son entrevue a donné lieu à certains excellents moments de télévision.

Mais le passage le plus touchant de l'entrevue est arrivé lorsque l'animateur Guy A. Lepage lui a demandé de parler d'un homme qui a été extrêmement important pour elle: Jacques Demers.

Voici un extrait de ce qu'elle a dit, lorsqu'on lui a demandé de donner des nouvelles de l'ancien entraîneur-chef du Canadien de Montréal.

«Il va bien. Je m'en vais le voir bientôt. Je vais le voir une fois de temps en temps. On réussit à communiquer ensemble. Il ne peut plus parler mais il y a des mots qu'il dit, quand même. Il comprend très bien et il se fait comprendre. Jacques ça a été un as de la communication. Comme on le sait, il est analphabète, et malgré toutes ces épreuves-là il demeure joyeux. Il est beau, il est extraordinaire. Il démontre énormément de résilience.»

Comme on le sait, Jacques Demers a fait une sortie il y a quelques années pour avouer qu'il était analphabète. Comme collègue de travail, Chantal Machabée était aux premières loges pour constater à quel point Demers a été exceptionnel pour réussir de la sorte, professionnellement, malgré son analphabétisme.

«Moi je l'ai aidé avant que tout le monde sache qu'il est analphabète. Nous après les matchs de hockey, que ce soit sur la route ou ici, on allait souper. Je voyais bien que le menu il ne le prenait pas et là il me disait "Qu'est-ce qu'il y a sur le menu? Je n'ai pas mes lunettes." Ou il demandait au serveur c'était quoi la spécialité aujourd'hui. Jusque-là je ne me posais pas trop trop de questions. Mais un moment donné on a une vidéo à tourner ensemble pour le brasserie Molson et le texte était écrit au télé-souffleur. Je lui dis "Regarde c'est facile, tout est écrit au télé-souffleur." Et là il me regarde, il essaie et ça ne marche pas. Mais Jacques c'est un naturel à la télé, il n'a aucun problème. Il était nerveux ça n'avait pas de sens. On réessayait et là il me regarde en me disant qu'il ne serait pas capable, mais il ne me dit pas pourquoi. 

Donc je dis au réalisateur qu'on prend un break et de me laisser parler à Jacques. Alors on s'en va dans la cafétéria et je lui demande "Tu veux-tu l'apprendre par coeur le texte?" Il me réponde "J'suis très bon là-dedans". Il a appris son texte et ça a été vite. Il a une mémoire phénoménale. On a été, il a laissé faire le télé-souffleur, il a livré ça comme un champion, il est extraordinaire. 

C'est quand son livre est sorti, un peu avant il est arrivé avec son manuscrit et m'a dit de le lire et que j'allais comprendre plusieurs choses. Et là quand j'ai lu ça je pleurais ma vie. Je me disais "Je peux pas croire qu'il a réussi à s'en sortir. Et là j'ai tout compris, les pièces du puzzle se sont mises en place.»  

Elle a terminé ce passage de l'entrevue en affirmant à quel point elle avait de l'affection pour Jacques Demers.

«Il a toute mon admiration, je l'aime d'amour, Jacques!»

On envoie toutes nos pensées et nos ondes positives à ce grand homme qui a su faire rêver toute une nation alors qu'il était entraîneur-chef des Canadiens, et qui a su donner courage à des centaines de milliers de personnes en leur prouvant qu'il est possible de réussir professionnellement sans maîtriser la lecture.

On pense à toi, Jacques!